L’exigence Du Pardon

From Jawdat Said

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Samedi 4 Octobre 2008

4 chawwal 1429 de l’Hijir

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L’exigence du pardon

Nous n’avons que le choix de l’exigence du pardon


« Si vous aimez seulement ce qui vous aime, pourquoi vous attendre à une reconnaissance particulière ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment et si vous faites du bien seulement à ceux qui vous font du bien pourquoi vous attendre à une reconnaissance particulière ? Même les pécheurs en font autant. »

L’Evangile ; traduction biblique, Villiers le bel ; France, Luc 6 :32-33 p175


« Vous [musulmans], vous les traitez en amis alors qu’ils vous traitent en ennemis et vous croyez au livre dans sa totalité, pendant que quand ils vous rencontrent, vous disent qu’ils sont eux aussi des croyants. Mais dès qu’ils se trouvent seuls ils se mordent les doigts de colère contre vous. Dis leur ‘puissiez vous mourir de rage’ Dieu connaît si bien le fond de leur pensée ».

Coran, Nouvelle traduction française du sens de ses versets par Mohamed Chiadmi, 2ème édition Tawhid 2005, Sourate La Famille d’Imran 3:119, page 65



Au nom de Dieu et paix sur tous les Hommes qui luttent pour la justice



Cher frère,

Apôtre de la non-violence, Jean-Marie Muller,


La rencontre qui eut lieu entre nous fut heureuse, originale et fructueuse. Lorsque Gandhi l’hindou rencontra le français Romain Rolland, en se serrant la main ils se dirent « nous sommes deux citoyens étrangers à cette terre, univers » ; et moi quand j’ai rencontré le petit fils de Gandhi, Aron Gandhi, à Washington, je lui ai rappelé ce que son grand père a dit à Romain Rolland en ajoutant ceci : « nous ne sommes plus des citoyens étrangers ». Et lorsque j’ai rencontré le Dalaï Lama à Rome, je lui ai adressé une critique d’après ce que j’ai entendu de lui « Tu me rappelles Socrate, celui qui a refusé se faire exiler ou de s’expatrier en disant que : le pays vers lequel je m’exilerai est identique à celui-ci que je quitterai, je ne m’exilerai point et j’assumerai tout cela. Il fut condamné à mort, accepta le verdict en toute sérénité et but la ciguë sans aucune hésitation. ».


J’imagine maintenant quelle fut la conception du monde dans lequel Socrate vécu et comment il vit l’avenir de l’humanité, et comment il donna l’exemple aux futurs sages en leur suggérant comment ils doivent se comporter à une pareille épreuve. J’ai ajouté au Dalaï Lama « Socrate n’imaginait pas q’un pays l’aurait accueilli, alors que vous, Dalaï Lama, êtes accueilli aujourd’hui dans plusieurs pays avec respect et bon accueil. » Il me répondit : « cependant, mon pays m’y est interdit de vivre ». Il raconta après que l’un de ses disciples qui se châtièrent dans les camps de rétention, lui a dit lorsqu’il l’a rencontré : « j’ai atteint un degré tel que j’ai eu peur de changer d’opinion ». Le Dalaï Lama lui dit alors « as-tu craint le pire, la mort ? » et lui répondit « Non, je craignais la perte de mon amour envers ceux qui me châtiaient et de les haïr par la suite ».


Le texte que vous avez écrit sur ma philosophie de la non-violence, ô mon frère Jean-Marie Muller, lors notre rencontre, vous m’avez rangé parmi « les premiers penseurs musulmans qui ont déployé un incroyable effort pour introduire le concept de non-violence dans le monde musulman. »1 et que mon livre « semble sans conteste original et fécond »2. Ce paragraphe me rappelle une foule de prétentions. Quand j’ai rencontré Aron Gandhi, il entamait l’écriture d’un livre sur Abdul Ghaffar Khan, ami intime de son grand père Gandhi. Ce dernier témoigna que Abdul Ghaffar Khan, ainsi que ses disciples les Pathans, avaient été les artisans légendaires de la non-violence dans les régions montagneuses à la frontière nord de l’Inde britannique. Eknath Easwaran, penseur non-violent hindou, lui a consacré un livre bien documenté, écrit en anglais3 et traduit en arabe par Ibrahim Atta sous le titre «Homme et non tous les hommes : Badshah Khan, Soldat de la non-violence en Islam ».4


Lors d’un colloque portant sur la non-violence chez les musulmans tenu à Washington, j’ai rencontré Moubarak Awad l’apôtre de la non-violence, palestinien, de confession chrétienne et Wahid Khan l’hindou. J’ai discuté avec Moubarak Awad sur les sources de ma pensée non-violente et sur mon livre « La doctrine de premier fils d’Adam » ; cette histoire été racontée dans le Livre (sefer) de la genèse, l’un des premiers livres de l’ancien testament, ainsi que dans les dernières Sourate selon la hiérarchie de la révélation coranique. Moubarak Awad me dit « Il a lu tous les écrits des adeptes de la non-violence, s’est précipité pour les rencontrer et il n’a jamais vu un pareil style auquel j’invite les gens dans la non-violence. ». A ce moment là, je ne prêtais pas attention à ce que disait Moubarak Awad, mais lorsque, vous, frère Jean-Marie, avez dit à propos de mon livre « La doctrine de premier fils d’Adam : le problème de la violence dans le monde musulman » ; « ce livre paraît original et fécond », m’a fait rappelé de ce que Moubarak Awad, avait dit et comment il n’a jamais entendu quelqu’un aborder ce sujet comme je le traite. Et lorsque vous avez dit de mon œuvre qu’elle est originale et féconde, j’ai ressenti que vous m’aviez compris et que vous avez compris pourquoi j’ai laissé les expériences non6violentes des militants non-violents et je suis allé puiser dans l’histoire et la mythologie. Et comme vous avez signalé et cité, cher frère, dans votre texte « Visite à Jawdat Saïd », pour moi qu’il s’agisse d’un événement historique ou d’une histoire symbolique, ce qui me semble important dans cette histoire c’est la voie qu’elle indique pour que l’humanité s’élève au niveau de l’esprit et de l’âme. Il n’existe aucune hésitation ni aucun doute dans la position du premier fils d’Adam qui a accepté de mourir au lieu de tuer. Le premier fils d’Adam semble déterminé et il a la volonté de faire face aux conséquences de son attitude et de prendre toutes ses responsabilités.


Je vois l’âme et la position non-violente du premier fils d’Adam, Abel, reprise par Socrate. Personne ne peut affirmer que l’histoire de Socrate est un mythe. Socrate a défié la violence de ses adversaires par le courage et la force de la raison et de l’âme. Socrate non seulement méprisaient leur violence mais se moquaient également de celle-ci. Herbert George Wells dans son oeuvre « The Outline of History » dit : « ceux qui se sont moqués de Jésus sont comme ceux qui jetant l’eau du bain du bébé jettent et l’eau et le bébé. ». Et je constate que les penseurs contemporains n’osent pas prononcer ou citer le nom de Jésus ni celui de l’Evangile comme s’ils se polluent, se salissent, en les prononçant. Voici donc quelques maladies de la laïcité, comme si ce que l’Eglise avait accompli lors de l’inquisition, avait aboutit à ne pas admettre même l’idée de l’existence d’un Jésus qui dit « La pierre tant méprisée par les maçons (artisans) est devenue la pierre angulaire ».


Jésus dans un style scientifique, parlant des faux prophètes qui dans leur apparence sont des doux agneaux mais qui dans le fond sont des loups. Il est dit dans l’Evangile de Mathieu : «gardez–vous des faux prophètes ils viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans ce sont des loups féroces. »5 Et quand on l’interrogea « O maître comment distingue-t-on les agneaux des loups ? » il répondit « Vous les reconnaîtrez à leur conduite On ne cueille pas des raisins sur des buissons d’épines, ni des figues sur chardons. Un bon arbre produit de bons fruits et un arbre malade de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut pas produire de mauvais fruits ni un arbre malade de bons fruits. Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé puis jeté au feu. Ainsi donc, vous reconnaîtrez les faux prophètes à leur conduite»6. Le philosophe Russel dit « celui qui dit que le feu brûle, parle d’une expérience et d’un raisonnement scientifique » alors Russel continue que le dit de Jésus «vous reconnaîtrez les faux prophètes à leur conduite» est un raisonnement scientifique.


Nous avons l’impression que l’homme est incapable de comprendre l’évolution des capacités humaines. L’homme a découvert son histoire ignorée. L’homme ne savait pas que l’homme avait vécu longtemps avant de découvrir le feu. Une fois découvert, il a appris à le rallumer, il a appris l’agriculture avant même qu’il domestique les animaux. Il vivait comme le reste des êtres vivants, se nourrissant de ce que la terre lui offre spontanément. Il a fait de la parole une écriture lisible ce qui distingue l’homme de l’animal. Ainsi, l’homme a pu conserver la pensée des autres qui auparavant se perdait avec la mort de ses artisans. Grâce au développement du cerveau, le système nerveux est devenu capable de faire la part des choses, de faire le lien entre la cause et l’effet. Son appareil phonatoire a pu développer et est devenu capable de nommer les choses. La parole lui a permis de transmettre ce que son cerveau « sa pensée » lui dicte à d’autres.


L’homme naît ignorant, ne savant rien. Ainsi dans le Coran, dans la Sourate «Les Abeilles », dit : « Dieu vous a fait naître du ventre de vos mères, dénués de tout savoir, et vous a donné l’ouïe, la vue, et l’intelligence. Peut-être lui en serez-vous reconnaissants ? »7. Il est clair qu’à sa naissance, l’homme ne connaît aucune langue ni aucune religion, cependant, il naît doté d’une capacité d’apprendre une langue, n’importe laquelle, d’embrasser n’importe quelle religion mais quand on applique la règle dictée par Jésus on peut alors distinguer d’entre les différents fruits, le véritable du faux prophète, distinguer le vrai du faux et distinguer la vérité du mensonge et de l’illusion.


Moi, maintenant, je n’arrive pas, O mon frère Jean-Marie, à exprimer avec clarté ou expliquer avec force, comment le droit de veto est la cause capitale de la déchéance et de la décadence du monde. De nos jours, la démocratie que les européens exercent leur permet de ne pas recourir à la force militaire pour s’ouvrir les uns sur les autres contrairement à ce que firent Hitler et Napoléon dont la mission fut un échec. Ainsi, grâce à la démocratie, les autres pays voisins de l’Europe, s’avancent vers elle en lui disant acceptez-nous selon vos conditions, laissez nous adhérer à votre union démocratique. Ceci est un fait nouveau dans l’histoire de l’humanité sinon on aurait mal compris ce que signifie vraiment le savoir ou la science dont Russel avait dit que le feu brûle et avait subtilement ajouté qu’il reconnaît que la définition de Jésus : «vous reconnaîtrez les faux prophètes à leur conduite» est un style aussi scientifique.


Cher Jean-Marie, vous avez dit à propos de l’abrogation dans le Coran qu’elle est toujours d’actualité et que je plaide pour que les versets qui correspondent le mieux aux exigences de la justice abrogent ceux qui y correspondent le moins. En vérité le Coran nous appuie : « Il fait descendre du ciel de l’eau qui coule dans les vallées à la mesure de leur capacités, et le courant charrie l’écume qui surnage, à l’image du laitier qui se dégage de la fonte des métaux dont on fabrique et ustensiles. Dieu use de cette image pour bien établir la différence qu’il y a entre le vrai et le faux, car l’écume inconsistante s’en va au rebut, tandis que ce qui est utile aux hommes se dépose sur le terrain. Ainsi, Dieu propose des paraboles utiles. »8. Ainsi est la loi de l’existence. Et je trouve que l’union européenne est la réalisation du savoir divin et son application sur l’humain. Quand Dieu a dit aux anges : « Puis vint le jour dit aux anges : je vais installer un représentant sur la terre »9, ils ont répliqué décrivant l’homme comme non méritant d’une telle mission parce qu’il va faire régner le mal et y faire couler le sang : « Vas-tu établir quelqu’un qui y fera régner le mal et y rependra le sang, alors que nous chantons ta gloire et célébrons tes louanges »10. Et le Seigneur leur répondit : « Ce que je sais dépasse votre entendement.»11. Ainsi l’expérience de l’union européenne approuve le savoir divin sur l’humain et blâme et dément les prétentions des anges comme elle dément ceux qui continuent à tuer les humains. L’une des conditions d’adhésion à l’union européenne est l’abolition de la peine de mort. La Turquie a aboli la peine de mort afin de se faire accepter au sein de cette union et c’est ainsi que le leader kurde Abdellah Oujalan a échappé à la peine de mort.


Cher frère Jean-Marie, je pense que nous partageons la même interprétation de l’histoire. Quand je contemple l’histoire du petit pays qui est le Japon, le seul pays qui a vraiment connu l’enfer de la bombe atomique et qui n’a pas déclaré une guerre de libération comme l’Algérie ou le Vietnam, - les américains eux-mêmes ont chassé les colonisateurs anglais par la guerre et la violence - mais le Japon est devenu un pays développé et une puissance mondiale après les USA qui se précipite vers le déclin. Les japonais ne sont pas des musulmans ni des chrétiens ni non plus des juifs, mais fils d’Adam, doués de raison, et grâce à leur conception du monde, sont devenus, sans guerre libératrice, une puissance mondiale.


C’est pourquoi je dis que ce n’est que lorsque l’ONU deviendra une véritable démocratie qui croit en la vraie démocratie et œuvre pour une véritable démocratie que peut installer la justice et par conséquent la paix mondiale. Je suis optimiste et je pense qu’on va bientôt y aboutir. J’ai dit lors d’une émission télé « L’orthodoxie et la vie » sur le canal Al Jazeera12 : « La guerre est morte. Elle est désuète. Elle n’est pratiquée que par les ignorants et ceux qui exploitent la crédulité des gens ». J’ajoute que « toute chose devenant savoir, science, se globalisera, devenant universelle. », je dis également que « tous les prophètes ont apporté avec eux un savoir, une idée de justice, d’équité et de paix. ».


Le Coran dit « Nous avons envoyé nos prophètes munis de preuves irréfutables, et Nous avons descendre avec eux le livre et la balance, afin de faire régner la justice parmi les hommes »13. Ceci est un discours qui englobe tous les prophètes que nous connaissons à travers les livres saints. Toutefois, les prophètes que nous ne connaissons pas et qui ne sont pas cités par leurs noms dans le Coran, avaient la même mission selon le Coran. Le Coran dit : « En vérité, Nous avons envoyé un prophète à chaque communauté avec le message suivant : adorez Dieu et éloignez-vous du culte des idoles. Et si certaines de ces communautés ont suivi la voie du Seigneur, d’autres ont préféré le chemin de l’erreur. Allez donc de par le monde et voyez qu’elle a été la fin de ceux qui criaient au mensonge ! »14. Le Coran cite ici une preuve scientifique : « voyez » c’est-à-dire observez leur conduite, leurs fruits, les résultats de leurs actions afin d’identifier ou de connaître celui qui est droit de celui qui dévoie, celui qui est dans la réminiscence de celui qui est dans la fausseté. Le Coran dit « Dis : Ô gens des Ecritures ! Mettons nous d’accord sur une formule valable pour nous et pour vous, à savoir de n’adorer de Dieu seul, de rien lui associer et de ne pas nous prendre les uns les autres pour des maîtres en dehors de Dieu. S’ils s’y refusent, dites leur : soyez témoin que, en ce qui nous concerne, notre soumission à Dieu est totale et entière. »15.


Je saisi de cet appel « O gens des Ecritures » non seulement ceux qui ont reçu une révélation mais aussi tout un chacun qui sait lire. En effet, celui qui sait lire appartient aux « gens d’Ecritures » car il a acquis la capacité et le moyen pour étudier toutes les religions et toute la pensée humaine. Je dis, et j’insiste, que si la démocratie aboutit aux Nations Unies la parole juste et l’appel des prophètes, se réaliseront. Je vois que dans n’importe quelle constitution démocratique, il doit y avoir la liberté de croire et la liberté de penser ainsi que la liberté de propager nos croyances et nos pensées. Chacun a le droit de penser et de croire ce qu’il veut quand il veut. Et s’il arrive à convaincre les gens et à les faire convertir à ses pensées et à ses dogmes sans violence, c’est « Hallal » - licite - pour lui.


L’invitation à une formule valable c’est le mot qu’il faut mettre dans n’importe quelle équation mathématique [=] deux lignes parallèles, c’est-à-dire, je mets entre vous, moi et le monde, ce mot dont le signe mathématique est le symbole [=]. C’est selon cette loi que les astres se meuvent dans leur orbite. Si cette loi s’altère, le monde s’écroule. Le maintien de ces astres dans leur trajectoire et orbite est la conséquence de cette juste équation.


Cette loi qui commande les astres commande aussi les sociétés. La société où la justice est absente, s’écroule incontestablement et l’histoire en témoigne. Ainsi, le non usage des armes ni la possession de celles-ci n’a pas empêché le Japon de devenir une puissance mondiale. En revanche, cela n’a pas empêché l’effondrement de l’URSS en dépit de son arsenal nucléaire sans être attaqué par un ennemi extérieur. Il s’est effondré de son propre intérieur avec la complicité des actions clandestines non-violentes de ses propres dissidents. Le Coran considère que ces événements sont un témoignage que la violence et tous les moyens qu’elle use, n’ont pas de pouvoir ni de prise sur l’homme dont Dieu a insufflé de son Ame et qui a accepté cette responsabilité. Le Coran dit « En vérité, nous avons proposé le dépôt de la foi aux Cieux, à la terre et aux montagnes, mais tous refusèrent d’en assumer la responsabilité et en furent effrayés, alors que l’homme, par comble d’ignorance et d’iniquité s’en est chargé. »16. Si l’homme ne veille pas sur ce dépôt (Amana), et s’il le néglige, il devient injuste et ignorant selon la conception coranique.


Dans le livre d’exemples de la Torah il est dit : « Je suis la compréhension, à moi la puissance, ma récolte vaut mieux que l’or et l’argent purs. Tous tes biens précieux lui sont inégalables. » Et dans l’Evangile : « Ainsi vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres»17 et « Un de ceux qui étaient avec Jésus tira son épée, frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa l’oreille. » Jésus lui dit alors : « remets ton épée à sa place car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée »18. Ce qui m’a poussé d’intituler mon livre « La doctrine du premier fils d’Adam de la non-violence » est la narration de cette histoire dans la Torah dans les premiers livres de l’Ancien Testament tel qu’elle fut racontée dans Sourate El Maida « La Table » parmi l’un des derniers révélés du Coran. « Racontes leur l’histoire des deux fils d’Adam telle qu’elle s’est déroulée. Chacun des deux frères avait fait une offrande ; mais celle de l’un fut acceptée, alors que celle de l’autre ne le fut point : ‘Je te tuerais’, dit ce dernier à son frère qui lui répond : ‘Que veux-tu, Dieu n’accepte que de ceux qu’ils le craignent ! Et si tu portes la main sur moi pour me tuer, je n’en ferias pas de même car je crains trop mon Seigneur, le maître de l’univers, pour commettre un pareil crime ! Je préfère que tu te charges, seul, de mes péchés et des tiens, et tu seras alors voué à la Géhenne qui est la juste récompense des criminels.’ Mais n’obéissant qu’à son instinct bestial le deuxième fils d’Adam (Caïn) fut entraîné au meurtre de son frère. Il le tua donc et se trouva de ce fait du nombre des réprouvés. Dieu envoya alors un corbeau qui se mit à gratter le sol pour lui indiquer comment inhumer le cadavre de son frère. Alors le meurtrier s’écria ‘Malheur à moi ! Suis-je donc incapable d’imiter ce corbeau et d’ensevelir la dépouille de mon frère’ et, depuis lors il ne cessa d’être rongé par d’intenses remords. Voilà pourquoi nous avons édicter cette loi au fils d’Israël : ‘Quiconque tue un être humain non convaincu de meurtre ou de sédition sur la terre est considéré comme le meurtrier de l’humanité toute entière. Quiconque sauve la vie d’un seul être humain est considéré comme ayant sauvé la vie de l’humanité toute entière !’ Malgré les multiples et irréfutables preuves qui leur furent apportées par Nos prophètes, beaucoup d’entre eux n’en continuèrent pas moins à commettre des excès sur la terre. »19.


Les adeptes de ces Livres représentent plus de la moitié de l’humanité qui se répandent sur les cinq continents. Ils seront contraints d’accepter la démocratie qui est une invention humaine basée sur la science et les expériences vécues. L’univers entier est au service de l’être humain et est à sa disposition comme il est exprimé dans la Torah et le Coran. Celui-ci dit : « Dieu est Témoin, et avec Lui les anges et les initiés parmi les hommes qu’il n’y a que de divinité que Lui, Lui, le Dieu de la justice. Il n’y a en vérité de divinité que Lui, le puissant, le sage. »20 Et il dit « Dieu vous prescrit de restituer les dépôts à leurs propriétaires et de vous montrer équitables quand vous êtes appelés à juger vos semblables. C’est là une noble mission que Dieu vous exhorte à remplir. Dieu entend tout, voit tout. »21. Et il dit « La bonne action et la mauvaise action ne sont pas pareilles. Rends le bien pour le mal, et tu verras ton ennemi se muer en fervent allié ! Mais une telle grandeur d’âme est seulement le privilège de ceux qui savent faire preuve de patience et de ceux qui sont touchés par une grâce peu commune. »22.


Le Coran procure la liberté de penser : il insiste : «Dis : ‘la Vérité émane de votre Seigneur. Croira qui voudra, niera qui voudra !’ »23. La mécréance ne fait pas l’objet d’un châtiment dans la vie ici bas. Le mécréant et le croyant ont les mêmes devoirs et les mêmes droits. La justice coranique est universelle. Le Coran interdit voire menace d’être injuste envers un non croyant quelle que soit sa pensée. (L’apostasie est une invention purement idéologique inventée par les Amaouites pour liquider leurs rivaux politiques.). Ce qui est strictement interdit par dessus tout est de contraindre les gens à embrasser ou quitter une quelconque doctrine. La justice est pareille et pour le croyant et le non croyant. Aucun n’a le droit d’imposer ses idées, son idéologie, son dogme, par la contrainte et la violence. Chacun, selon l’équation égalitaire, a le droit de faire la propagande pour sa philosophie tant qu’il ne pratique pas la contrainte, la violence et la brutalité car là celles-ci sont contre l’idée de l’humain. La contrainte et la violence ne donne ni la foi ni façonne la mécréance. Une vraie religion révélée ne contraint point. Celui qui accepte la mort en refusant la contrainte et la violence en s’accrochant à sa propre la foi et à sa pensée, est selon moi un adepte du fils Adam, un disciple de Socrate ainsi que tous ceux qui scellent la pacte divin et le pacte de la liberté de l’homme en ses croyances.


La raison humaine a atteint ce principe par l’invention de la démocratie. Les turques ont précédés le reste des musulmans dans leur acte de foi dans la démocratie lorsqu ‘ils ont répondu aux américains qui voulaient emprunter le passage pour envahir l’Irak, ils ont rétorqué, « nous devons consulter notre peuple ». L’actuel président turque dans son premier discours a déclaré la foi de son gouvernement en la démocratie. Celui qui convainc son peuple par les idées a le droit de les gouverner. Il a également le droit de garantir toutes les libertés. La voie de la non-violence équivaut à la non contrainte dans le dogme, dans la politique, dans la fondation familiale, etc.


Le 2 février 2008, j’ai reçu chez moi dans mon village Bi’r Aajam (le puit de Aajam), la visite de l’ambassadeur de l’Inde à Damas qui a entendu d’un certain Jawdat Saïd qui prêche la non-violence. Je lui ai fait savoir combien «j’étais flatté par la visite de l’ambassadeur du pays de Gandhi. J’ai ajouté comment quelqu’un comme moi voit son pays. Vous êtes, selon moi, la plus grande démocratie au monde. Le nombre d’habitants de l’Inde est plus supérieur que la somme des habitants de l’URSS, l’UE et les USA. Vous avez toutes les confessions du monde, tous les courants musulmans et chrétiens en plus des religions orientales, et malgré tout vous êtes une vraie démocratie. Cependant, si vous êtes fidèles aux principes non-violents de Gandhi, vous n’aurez point céder à la tentation de posséder la bombe nucléaire. Gandhi ne faisait aucune distinction entre un oppresseur hindou et un oppresseur anglais. Vous êtes maintenant candidat à devenir un membre permanent à l’ONU. Si vous accepteriez d’avoir le droit de veto, votre réputation s’effondrerait à nos yeux, nous serions déçus. Ce que nous voulons par contre est que vous oeuvriez à abolir ce paragraphe ou cet article injuste dans l’espoir qu’un jour l’ONU devienne une démocratie réelle. »


Nous ne craignons pas que la justice soit vaincue dans le monde. En vérité, ceux qui refusent la justice sont les privilégiés qui ne sont pas prêts à abandonner volontairement leurs privilèges. Ceux qui comprennent bien le concept de la justice sont les déshérités, les opprimés qui représentent les 80 % de la population mondiale et profitent seulement de 20% de la richesse du monde.


Nous qui croyons à l’exigence de la justice, nous devons nous émanciper et émanciper les autres. Je vous suis très reconnaissant, cher Jean-Marie Muller, avec votre œuvre monumentale qui incite à la prise de conscience des vertus des principes de la philosophie non-violente. J’ai eu la chance de lire une partie de cette œuvre, que je vais d’ailleurs relire, qui ouvre les yeux à ceux qui ont désespéré d’une éventuelle possibilité du changement de l’ordre social.


Si nous saisissons ce qui s’est vraiment passé dans notre histoire mondiale et comprenons comment les privilégiés se sont donnés des avantages lorsqu’ils ont gagné la guerre par la guerre et la violence, alors si Hitler avait gagné la guerre, il n’aurait pas fait aussi pire que ce que fait l’ONU actuellement. Herbert G. Wells, auteur de « The Outline of History » dit : « Celui qui possède le strict minimum du savoir des Livres révélés, saura, et s’il saura, refusera que l’homme s’instaure comme être divin. »

Le droit de veto est une sorte de déification, divination, imposée aux déshérités.


Parmi les longues histoires du Coran, des fois concises et d’autres fois longues et détaillées, est l’histoire de Moïse et du Pharaon de telle manière que le nom de Moïse est cité 100 fois et celui de Pharaon, plus de 70 fois. Le Coran donne la parole au Pharaon (symbole des hommes politiques injustes), Hâmân (symbole des hommes de la religion injustes), karoun (symbole des riches injustes), les magiciens, les femmes, etc… A titre d’exemple Pharaon dit : « Après quoi, il tourna le dos et s’en alla rassembler ses hommes et leur déclara : ‘je suis votre Seigneur le plus puissant’ »24 « S’adressant alors aux dignitaires, Pharaon dit : ‘vous n’avez pas, que je sache, une autre dieu que moi ! Et toi Hâmân, fais-moi cuire des briques et construis moi une tour pour que je monte jusqu’au Dieu de Moïse ! Je suis certain que Moïse est un imposteur.’ »25 « ‘Si tu adores un autre divinité que moi, je te jetterais en prison’ s’écria Pharaon »26 « Les magiciens se prosternèrent alors face au sol en disant : ‘nous croyons au Seigneur d’Aaron (frère de Moïse) et de Moïse !’ ‘Quoi !’ dit Pharaon. Vous vous êtes ralliés à Moïse sans prendre mon accord ? C’est sans doute lui votre chef qui vous a enseigné la magie. Je vais vous faire couper les mains et les pieds en ordre croisé et vous faire crucifier sur des troncs de palmiers. Et vous saurez qui de nous dispose du châtiment le plus sévère et le plus durable ! »27. « Comment osez-vous, s’écria Pharaon, vous convertir à son culte sans que je vous y autorise ? C’est là un complot que vous avez ourdi dans la citée en chasser les habitants ! Vous allez voir ! Je vous ferais couper une main d’un côté et un pied de l’autre avant de vous faire tous crucifier !»28 « Ce que je vous propose, repris Pharaon, est le meilleur parti à prendre, à mon avis, et la solution que je vous indique est sûrement la bonne. »29.


Toutefois, à propos du Pharaon Dieu dit : « Nous avons envoyé aussi Moïse, nanti de Nos signes et d’une preuve réelle, à Pharaon et à ses dignitaires. Mais ces derniers suivirent l’ordre de Pharaon ; bien que son ordre fut dénué de toute sagesse »30. Il n’est pas permis à tout un chacun de croire que avec sa permission. Ce que Moïse et son frère Aaron ont vécu avec Pharaon, est arrivé aussi à Abraham, à Noé, à tous les prophètes ainsi qu’à Socrate, Gandhi, et vous-même cher frère Jean-Marie Muller.


Les hommes seront contraints de s’unir comme fut unie l’UE. Les apôtres de la non-violence préparent la voie à cette union basée sur l’exigence de la justice afin que personne ne soit au dessus des lois. Une parole du prophète Mohammad véhicule la même idée : « Ont péri ceux qui vont, ont précédés qui ne punissait pas l’élite quand elle viole la loi. Cependant, quand le faible commet un délit ils appliquent sur lui la loi. ». Dans cette logique, la loi s’applique sur les faibles et protège les élites. C’est ainsi que les prophètes refusent le favoritisme envers n’importe qui et qui soient au dessus des lois.


L’idée de mécréance selon les prophètes est l’injustice, et l’acte de foi est la justice envers tous les hommes. La justice est la religion de Dieu. Le Coran dit « Mais Dieu veillait à l’exécution d’un arrêt pris par Lui de toute éternité pour que pérît, en connaissance de cause, celui que devait périr, et survécu à la mêlée, en connaissance de cause celui qui devait survivre. »31 Et le Coran cite aussi comme loi universelle : « Ton Seigneur, en effet, ne saurait anéantir injustement les citées dont les habitants sont vertueux »32 et il dit « Ton Seigneur n’anéantit jamais les citées avant d’envoyer dans leur métropole un messager pour leur réciter Nos versets, car Nous n’avons à anéantir que les citées dont les habitants sont injustes. »33


Ô cher Jean-Marie Muller, notre rencontre et votre texte a enrichi ma foi dans la foi de l’homme et de son avenir. Le Coran dit sur les prophètes : « Et lorsque, à la fin, les prophètes désespérés du succès de leur mission et croyaient qu’on les prenait pour des imposteurs, Nous leur envoyons Notre secours et Nous sauvions qui Nous voulions, sans que jamais nos rigueurs fussent détournés de la gent criminelle »34.


Ô cher Jean-Marie Muller, l’origine et la fin du monde ne commence ni ne finit pas avec notre génération. Je souhaite que nous oeuvrons et nous nous entraidons pour établir la piété et la bienveillance « Que l’aversion que vous ressentez pour ce qui vous ont empêché naguère de vous approcher de la mosquée sacrée ne vous pousse pas à commettre des agressions ! Soyez plutôt solidaires dans la charité et la piété et non dans le péché et l’agression ! »35 et que nous ne oeuvrerons pas donc dans la violence et l’agression. Il faut que l’on veille à être témoins de la vérité et que l’on ait le courage de la dire. « Je prends le temps à témoin que l’humanité court à sa perte, hormis ceux qui croient pratiquants les bonnes œuvres, se recommandent mutuellement la droiture et se recommandent mutuellement l’endurance. »36.


L’homme commence à peine à comprendre, pour que son existence ait un sens, doit comprendre que non existence dans ce monde n’est point un hasard ni une absurdité ni un jeu. L’existence de l’homme a un sens et doit être au service d’une cause. La noble cause qui puisse exister est de faire stopper l’injustice et la violence. Il est honteux que les humains s’entretuent entre eux à l’aube du 21ème siècle.


Je vous remercie, cher frère Jean-Marie Muller, ô fils d’Adam. Nous devons rester fidèles à l’homme et à l’humain même s’il se trompe et commet des fautes. L’une des grandes morales de Jésus lorsqu’il l’interrogea « combien de fois, est-il permis à mon frère d’être en faute envers moi ? Alors est-ce que je lui pardonne jusqu’à sept fois ? Jésus répondit « Je n’ai pas dit sept fois mais soixante dix fois sept fois. »37.


Autrement dit mon frère Jean-Marie, nous n’avons que le choix de l’exigence du pardon. L’une des dernières paroles de Jésus fut « O Dieu ! Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »38


Merci encore une fois cher frère Jean-Marie.

Et engageons nos vies au service de l’homme et de l’humanité.

Jésus est envoyé pour qu’il soit au service des autres et non qu’il soit servi.


Ton frère

Jawdat Saïd

Bi’r Aajam (le puit de Aajam), Syrie

11 Octobre 2008




Traduction du Dr Driss Bellahcene

Révision par Driss Oumehdi et Isabelle Cros-Oumehdi




FootNotes

1. Jean-Marie Muller, « Visite à Jawdat Saïd » page 1, 2008 traduit en arabe par Mohamed Ali Abdeljalil

2. Ibid., page 1

3. Eknath Easwaran, « A man to match his mountains : Badshah Khan, Nonviolent soldier of Islam »

4. Publication du centre palestinien des études de non-violence, Jérusalem 1987

5. Mathieu 7 :15

6. Matthieu 7, 16 à 20

7. Coran, Nouvelle traduction française du sens de ses versets par Mohamed Chiadmi, 2ème édition Tawhid 2005, Sourate Les Abeilles 16:78, page 275

8. Ibid., Sourate Le Tonnerre 13:17, page 251

9. Ibid., Sourate La Vache 2 :30, page 6

10. Ibid., Sourate La Vache 2 :30, page 6

11. Ibid., Sourate La Vache 2 :30, page 6

12. Voir http://www.aljazeera.net/Channel/archive/archive?ArchiveId=90935

Pour les œuvres complètes (écrites et vidéo) de Jawdat Saïd, www.jawdatsaid.net

13. Coran, Nouvelle traduction française du sens de ses versets par Mohamed Chiadmi, 2ème édition Tawhid 2005, Sourate Le Fer 57:25, page 541

14. Ibid., Sourate Les Abeilles 16 :36, page 271

15. Ibid., Sourate La Famille d’Imran 3:64, page 58

16. Ibid., Sourate Les Coalisés 33:72, page 427

17. Luc 8:32

18. Mathieu : 26 : 51-52

19. Coran, Nouvelle traduction française du sens de ses versets par Mohamed Chiadmi, 2ème édition Tawhid 2005, Sourate La Table 5:27 à 32, pages 112 et 113

20. Ibid., Sourate La Famille d’Imran 3 :18, page 52

21. Ibid., Sourate Les Femmes 4:58, page 87

22. Ibid., Sourate Les Versets détaillés 41:34, page 480

23. Ibid., Sourate La Caverne 18:29, page 297

24. Coran, Nouvelle traduction française du sens de ses versets par Mohamed Chiadmi, 2ème édition Tawhid 2005, Sourate Les Arracheurs 79:22 à 24, page 584

25. Ibid., Sourate Le Récit 28:38, page 390

26. Ibid., Sourate Les Poètes 26:29, page 368

27. Coran, Nouvelle traduction française du sens de ses versets par Mohamed Chiadmi, 2ème édition Tawhid 2005, Sourate Taha 20:70 et 71, page 316

28. Ibid., Sourate Les Murailles 7:123 et 124, page 165

29. Ibid., Sourate Le Pardonneur 40:29, page 470

30. Ibid., Sourate Hûd 11:96 et 97, page 232

31. Ibid., Sourate Les Prises de guerre 8:42, page 182

32. Ibid., Sourate Hûd 11:117, page 234

33. Ibid., Sourate Le récit 28:59, page 392

34. Ibid., Sourate Joseph 12:110, page 248

35. Coran, Nouvelle traduction française du sens de ses versets par Mohamed Chiadmi, 2ème édition Tawhid 2005, Sourate La Table 5:2, page 106

36. Ibid., Sourate Le Temps 103 :1 à 3, page 601

37. Mathieu 31:18

38. Luc 23 :33